A) Anatomie de la verge :
La verge de l’homme a la forme d’un cylindre de taille variable selon les individus, traversé sur toute sa longueur par l’urètre, ce tuyau qui conduit l’urine de la vessie vers l’extérieur. Cet urètre est entouré par le corps spongieux qui va former ensuite la plus grande partie du gland.
Tout autour de l’urètre et du corps spongieux, deux formations cylindriques, les corps caverneux, constituent la plus grande partie de la verge jusqu’au gland.
Corps spongieux et corps caverneux sont des organes érectiles, c’est-à-dire qu’ils possèdent cette propriété très particulière de pouvoir alternativement se relâcher et se contracter : c’est ce phénomène qui permet à la fois l’érection et aussi son retrait et la détumescence de la verge.
Corps caverneux et corps spongieux sont constitués d’un tissu musculaire et vasculaire très élastique, prenant appui sur une sorte de squelette fibreux leur permettant de se contracter et de se relâcher selon les circonstances.
En se relâchant, les corps érectiles ouvrent le réseau artériel, et le sang entrant dans la verge déclenche l’érection. Une fois gorgés de sang, les corps caverneux vont comprimer le réseau veineux chargé de drainer le sang vers l’extérieur de la verge et le verrouiller, empêchant ainsi la fuite veineuse : le sang est piégé dans la verge : c’est l’érection complète. Elle le restera jusqu’à ce qu’une contraction des corps érectiles provoque à nouveau la fuite du sang vers l’extérieur de la verge.
B) le contrôle neurologique de l’érection :
Fibres musculaires et réseau artériel de la verge fonctionnent comme un terminal sur lequel vont s’actionner différentes commandes neurologiques permettant l’érection.
Deux grandes commandes neurologiques contrôlent l’érection : le système nerveux orthosympathique et le système nerveux parasympathique qui constituent à eux deux le système nerveux végétatif (ou autonome, c’est-à-dire indépendant de la volonté). Le centre nerveux de l’érection se situe au niveau de la moelle épinière lombaire et sacrée.
Ce centre est sous le contrôle permanent de structures corticales supérieures situées dans le cerveau qui assurent un verrouillage permanent de l’érection. Ce n’est qu’à l’occasion de certaines circonstances que le verrou est enlevé et que l’érection peut se produire.
L’état habituel de la verge est donc l’absence d’érection : cet état de repos est en fait une contraction des corps érectiles. Les fibres musculaires lisses des corps caverneux sont excitées en permanence par la sécrétion de médiateurs chimiques bloquants appartenant au système orthosympathique (essentiellement la Noradrénaline ou hormone du stress) qui les maintient en état de contraction. On comprend ainsi comment la douleur, l’anxiété, la peur, les émotions négatives peuvent renforcer le mécanisme habituel de verrouillage central de l’érection.
L’érection pour se produire nécessite la levée temporaire de ce verrouillage : la sécrétion prédominante devient alors celle des neuromédiateurs facilitant l’érection (acétylcholine, dopamine, sérotonine) appartenant au système parasympathique.
Le déclenchement de l’érection se situe au niveau du cerveau qui reçoit les informations sensorielles et les interprète comme favorisant ou inhibant l’érection. Si le cerveau décide que les informations sont en faveur du déclenchement de l’érection, il lève son inhibition et cette dernière peut se produire.
Les informations sensorielles proviennent des zones érogènes, de la mémoire émotionnelle située au niveau du système limbique (région située à la base du cerveau), et des cinq sens (la vision y jouant un rôle primordial).
Pendant le sommeil, notamment la phase de sommeil paradoxal, il y a des érections dues à la levée de l’inhibition cérébrale dont le mécanisme est encore mal connu : leur présence prouve cependant que le système érectile périphérique fonctionne mais que la commande cérébrale est défectueuse.
C) érection et système hormonal :
Une bonne sécrétion des hormones mâles (essentiellement la testostérone sécrétée par les testicules)
est nécessaire à un bon fonctionnement des érections.
2. Fréquence des troubles de l’érection :
La fréquence des troubles érectiles augmente avec l’âge : elle est d’environ 5 % avant 40 ans, d’environ 10 % entre 40 et 50 ans, d’environ 15 % entre 50 et 60 ans et d’environ 25 % après 60 ans.
3. Facteurs de risque des troubles de l’érection :
A) Diabète :
la fréquence des troubles de l’érection est plus élevée chez le diabétique que dans la population générale.
La dysfonction érectile est liée non seulement aux classiques angiopathie et neuropathie mais aussi à une altération directe de la relaxation des fibres musculaires lisses des corps caverneux.
L’impact psychologique de la maladie n’est pas non plus négligeable.
B) Hypertension artérielle :
La fréquence de la dysfonction érectile est plus élevée chez les hypertendus que dans la population générale.
La dysfonction érectile est une conséquence des altérations vasculaires, des facteurs de risque athéromateux associé et des médicaments anti-hypertenseurs.
C) Tabagisme :
La fréquence de la dysfonction érectile est plus élevée chez le tabagique que dans la population générale. L’arrêt du tabagisme améliore rapidement la qualité des érections dans le premier mois. Le tabagisme altère la relaxation des fibres musculaires lisses des corps érectiles.
D) Dyslipidémie :
l’hypercholestérolémie totale, la baisse du cholestérole HDL et l’hypertriglycéridémie augmente le risque de dysfonction érectile, mais il n’est pas prouvé que corriger la dyslipidémie réduise le risque de développer une dysfonction érectile, d’autant que les statines et surtout les fibrates sont soupçonnées d’être délétères pour l’érection.
E) Maladies cardio-vasculaires :
La fréquence de la dysfonction érectile est plus élevée lors de cardiopathie ischémique et de pathologie vasculaire périphérique. La dysfonction érectile est un signe périphérique de pathologie vasculaire et notamment coronarienne. Il faut toujours demander une consultation cardiologique avec test à l’effort.
F) Troubles psychologiques :
De nombreuses situations psychopathologiques favorisent la survenue d’une dysfonction érectile : anxiété, angoisse de performance, dépression ( la fréquence de la dysfonction érectile est de 90 % en cas de dépression sévère, de 60 % en cas de dépression modérée et de 25 % en cas de dépression mineure ).Stress, colère exprimée ou réprimée, personnalité soumise, problèmes existentiels et environnementaux ( conjugaux , familiaux, financiers et professionnels ), défaut d’information ou ignorance de la sexualité et antécédents d’abus sexuels par des adultes sont des facteurs qui prédisposent à la dysfonction érectile.
La dysfonction érectile elle-même entraîne des perturbations psychologiques, d’où l’installation d’un cercle vicieux.
G) Médicaments :
La responsabilité des médicaments dans la survenue d’une dysfonction érectile est souvent difficile à affirmer d’autant que certains d’entre eux traitent des pathologies favorisant la dysfonction érectile.
Les médicaments impliqués dans la survenue de troubles de l’érection sont les vasodilatateurs, les antihypertenseurs, les psychotropes, les antiulcéreux, les hypolipémiants et certains cytotoxiques.
G.1 Les antihypertenseurs :
- Les bétabloquants.
- Les sympatholytiques : mais ces médicaments sont maintenant peu utilisés.
- Les diurétiques thiazidiques et épargneurs potassiques ( type spironolactone ).
- Les inhibiteurs calciques.
- Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion.
Les troubles érectiles sont réversibles à l’arrêt du traitement.
G.2 Les psychotropes :
- Les neuroleptiques.
- Les antidépressseurs.
- Les normothymiques ( type Lithium ).
- Les antiépileptiques : parmi eux le moins délétère serait le Lamictal.
G.3 Les antiandrogènes :
L’objectif de ces médicaments utilisés dans le cancer de prostate est la diminution du taux de testostérone ou le blocage compétitif des récepteurs des androgènes.
Les conséquences de ces traitements sur la sexualité sont donc majeurs.
G.4 Les antiulcéreux :
La cimétidine et la ramétidine ont été impliqués dans la survenue de dysfonctions érectiles réversibles à l’arrêt du traitement.
G.5 Les hypolipémiants :
Les statines et les fibrates sont responsables de troubles de l’érection chez 12 % des patients traités.
H) Insuffisance rénale chronique :
La fréquence de troubles de l’érection est élevée chez les insuffisants rénaux en dialyse.
I) Facteurs socio-économiques et mode de vie :
Un mode de vie sédentaire favorise la dysfonction érectile, alors que l’activité physique est au contraire protectrice.
J) Cyclisme :
La pratique intensive du cyclisme favorise la survenue de troubles de l’érection par compression périnéale (compression nerveuse et vasculaire).